gularités apparentes, le système du monde est un spectacle qui ravit la raison de l’homme en même temps qu’il la confond, qu’il l’éblouit en même temps qu’il la subjugue, et que rien n’en dépasse la beauté, si ce n’est l’inexprimable grandeur.
Mais d’où vient ce système ? Quelle en est la cause ? Qui l’a fait ?
Sans doute l’astronomie pourrait ici se récuser ; et, se bornant à observer des faits et à les enregistrer dans ses annales, elle pourrait répondre qu’elle n’a point à s’occuper des causes, et qu’elle renvoie cette recherche, stérile ou féconde, à d’autres sciences trop hardies peut-être, mais en tout cas différentes d’elle. Cette réponse, l’astronomie n’a pas osé la faire ; elle s’est abstenue de cette fin de non-recevoir, qui pouvait bien en effet la compromettre aux yeux du sens commun. L’auteur de la Théorie des Probabilités, affirmant l’immuable régularité des mouvements célestes, a dit : « Il y a plus de deux cent mille milliards à parier contre un, que ces phénomènes extraordinaires ne sont pas l’effet du hasard ; ce qui forme une probabilité bien supérieure à celle de la plupart des événements historiques, dont nous ne doutons point ». Laplace va même plus loin ; et en considérant l’égalité rigoureuse des mouvements angulaires de rotation et de révolution dans chaque satellite, il déclare qu’il XCIV