Page:Aristote - Traité du ciel, trad Saint-Hilaire, 1866.djvu/90

Cette page n’a pas encore été corrigée

n’avait pas encore pensé à y porter son attention.

A côté de la chimie, de la physique, de la géologie, que d’autres exemples analogues on pourrait citer encore ! L’analyse du monde a commencé voilà bien longtemps ; et chaque jour avec plus de succès et avec le secours des connaissances acquises, on découvre de nouveaux filons dans cette mine inépuisable. Qui peut dire où s’arrêteront nos investigations ? Ou plutôt qui n’affirmerait qu’elles doivent toujours être de plus en plus étendues et heureuses ? Il n’y a que l’ignorance qui puisse un instant en douter, parce que, ne connaissant rien du présent, elle est à plus forte raison incapable de rien apercevoir dans l’avenir ; mais la science, sûre d’elle-même comme elle l’est, ne doute pas plus de ses acquisitions futures qu’elle ne doute de ses richesses actuelles[1].

A mon sens, elle a pleinement raison ; mais c’est là ce qui devrait la rendre un peu plus modeste, pour elle-même d’abord, et ensuite à l’égard de l’antiquité. Certainement les Grecs n’ont pas su tout ce que nous savons ; mais nous, savons-nous, à l’heure qu’il est, tout ce que sauront nos neveux ? Les critiques par trop intéressées que nous adressons aux Anciens ne nous seront pas épargnées ; et si nous voulons LXXXV

  1. Sur cette succession des connaissances humaines, voir Pascal, Traité du vide, page 436, édition Havet.