Page:Aristote - Traité du ciel, trad Saint-Hilaire, 1866.djvu/89

Cette page n’a pas encore été corrigée

nous est interdit d’en savoir quoi que ce soit. Entre ces deux excès, la science poursuit sa voie, toujours bien plus près de s’enivrer de ses triomphes que d’en désespérer. C’est à cette condition sans doute qu’elle avance, et le scepticisme n’est pas un auxiliaire des plus puissants pour qui veut agir et marcher.

Ce qui prouve que c’est ainsi que la science humaine se forme peu à peu, c’est ce que nous voyons en interrogeant la partie la plus récente de son histoire. La chimie, dont Lavoisier a été le Copernic, n’a pas même un siècle ; mais les progrès qu’elle a faits l’ont eu bientôt mise au niveau de toutes les autres sciences. Elle a profité de toutes les recherches antérieures de l’alchimie, de même que l’astronomie moderne a profité de toutes les observations de l’astronomie grecque ; elle a en outre profité de la méthode appliquée plus rigoureusement par les sciences voisines d’elle. La physique vraiment scientifique n’est guère plus ancienne que la chimie ; avant l’invention du thermomètre et du baromètre, avant l’invention de la machine pneumatique et de la pile, elle méritait à peine le nom de science. La géologie a été inaugurée par Leibniz ; jusqu’au XVIIIe siècle, elle n’existait pas, bien que les sujets qu’elle étudie posent sans cesse sous nos yeux ; trente siècles s’étaient écoulés, que l’humanité LXXXIV