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comme la seule voie que la science pût suivre pour parvenir à la vérité. On pourrait citer vingt passages où il donne ce salutaire conseil. La réalité des phénomènes est l’argument qu’il oppose avec une inflexible constance aux erreurs qu’il essaie de réfuter, tout en y substituant trop fréquemment les siennes. Dans la préface que j’ai mise en tête de la Météorologie, j’ai beaucoup insisté sur ce point, qui m’a paru capital ; je me permettrai d’y renvoyer le lecteur i. Tout ce que je voudrais faire ici, c’est de montrer avec une pleine lumière ce qu’a été l’invention de la science, prise en soi, et quel service la Grèce, en la faisant, rendit à l’esprit humain ; elle l’a mis ; voilà bien près de trois mille ans, dans la véritable route, « dans la route royale, » comme dirait Bacon, avec son langage métaphorique.

Il semble, au premier abord, que rien n’est plus simple ni plus naturel que d’observer ce qu’on a sous les yeux. Regarder ce qui nous entoure, en noter les formes, les propriétés, les changements, les relations, analyser les phénomènes pour savoir ce qui est et comment est faite la nature au milieu de laquelle l’homme est placé, tout cela nous paraît aujourd’hui d’une vulgarité presque naïve ; nous croyons qu’il n’y a guère que le sauvage qui soit in- LXXVIII