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en ont fait tout autant, et ils ont attribué la première place dans leur estime, et dans les annales de l’astronomie, aux théoriciens sur les observateurs.

Les théories anciennes ont été insuffisantes et parfois même ridicules ; qu’y a- t-il en cela de surprenant ? Il serait bien plus singulier qu’elles eussent été justes du premier coup ; ce sont là de ces bonnes fortunes qui ne sont jamais arrivées à personne. Au début, les faits sont très peu nombreux ; les comparaisons sont presqu’impossibles, les observations sont très rares et très incertaines. On en tire des théories qui ne valent guère mieux qu’elles. Mais ces faits, en s’accumulant, multiplient les rapports que l’esprit peut démêler entre les choses. Les théories fautives en facilitent de moins incomplètes ; et, de proche en proche, les pas de la science s’affermissent, en même temps que sa carrière s’étend. Néanmoins, l’esprit humain ne se trompait pas en cherchant, dès ses débuts, à établir des théories, c’est-à-dire à comprendre. Il nous est facile, à deux mille ans de distance, de railler les leçons de nos prédécesseurs ; et je ne me chargerais pas non plus de défendre les doctrines d’Empédocle, ni même d’Anaxagore devant le IIIe siècle. Mais cette sévérité est une ingratitude ; car, sans ces précurseurs et leurs inévitables aberrations, nous ne serions pas ce que LXXIV