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LXXII La théorie, c’est la science. Les mathématiques, qui, pour se conformer à leur nom, s’intitulent par excellence les sciences exactes, ne sont qu’une théorie où les faits extérieurs n’ont rien à voir, bien qu’ils y soient conformes ; tant il est vrai que la théorie est le but réel et le fondement de la science véritable, avec laquelle elle se confond.

Ceci nous permet de juger deux opinions bien souvent exprimées, et qui sont adoptées généralement sans être bien comprises. On reproche d’abord à l’esprit humain et particulièrement aux anciens, de s’être préoccupés des théories beaucoup plus que des phénomènes, et d’avoir tenté l’explication des choses avant de les connaître. En second lieu, on reproche aux premiers observateurs d’avoir mal observé, et l’on fait un grand éloge aux modernes d’avoir inauguré la vraie méthode dans les sciences, méconnue, dit-on, jusqu’au temps de Bacon. A mon avis, ce sont là deux erreurs et deux injustices ; quoique très répandues, elles n’en sont pas moins à repousser par les esprits équitables et suffisamment instruits.

Si l’esprit humain, dans son premier élan et sa première curiosité, s’est porté aux théories, le motif en est fort simple, et nous venons de l’indiquer. L’esprit humain est allé au plus important, comme il convient toujours d’y aller. Les modernes LXXIII