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l’objet de l’astronomie a l’avantage d’être à peu près mathématique ; et il n’y a pas d’autre science naturelle qui ait. cet heureux privilège. Ce qui est vrai, c’est que les autres sciences, ainsi que l’astronomie, n’avancent qu’à la condition d’observer d’abord ce qui est, et de tâcher ensuite de comprendre théoriquement, ou raisonnablement si l’on veut, le sens véritable des phénomènes. On n’observe pas pour observer ; on observe pour savoir, et l’on ne sait qu’à la condition de l’entendement. Au fond, c’est la théorie qui est la chose essentielle pour la raison. On ne peut pas se passer de l’observation, c’est-à-dire des faits, sans lesquels la théorie n’est qu’un rêve, ou une vue de notre esprit, qui peut n’avoir aucun rapport avec la réalité. Mais aussi, sans la théorie ou immédiate ou tout au moins possible, l’observation n’a rien de scientifique ; c’est un fruit stérile ; c’est une faiblesse, on pourrait presque dire une puérilité.

On fait bien de critiquer des théories prématurées, irréfléchies et trop peu d’accord avec les faits qu’elles prétendent interpréter ; mais, blâmer la théorie en soi, c’est tout simplement un non-sens. Même la plupart du temps, c’est une contradiction choquante ; car c’est toujours au nom d’une théorie qu’on proscrit la théorie, et l’on commet soi-même la faute précisément qu’on reproche à autrui.