et la légèreté des corps. Dans ce cas, le mobile qui est mu est ce qui est lourd et léger en simple puissance. Or, quand on dit qu’un corps est porté dans son lieu propre, cela revient à dire qu’il est porté à la perfection de sa propre forme ; et c’est en ce sens qu’il faut plus particulièrement entendre ce que disaient les anciens, à savoir que le semblable est porté vers le semblable. Mais ce phénomène ne se produit pas toujours et absolument ; et si l’on déplaçait la terre et qu’on la mît là où est maintenant la lune, chacune des parties qui composent la terre ne se porterait pas vers la lune, mais elles se porteraient là où elles se portent maintenant. Il faut donc nécessairement que ce soit le même mouvement qui produise cet effet, pour tous les objets qui sont pareils et qui n’offrent pas de différence entr’eux, de telle sorte que, là où se porte une simple partie d’un corps par les lois de la nature, là aussi se porte le corps tout entier.
§ 3[1].
- ↑ Le lieu des corps, j’ai ajouté les deux derniers mots, pour que l’expression fût plus claire. — La limite du contenant, ceci veut dire, comme la suite le prouve, que le lieu d’un élément enveloppé dans un autre, d’après le système d’Aristote, est la limite même de l’élément qui l’enveloppe ; ainsi, le lieu de la terre est la limite de l’eau ; le lieu de l’eau est la limite de l’air ; le lieu de l’air est la limite du feu, parce que le feu enveloppe l’air, comme l’air enveloppe l’eau et comme l’eau enveloppe la terre ; voir la Météorologie, livre 1, ch. 2, § 1, p. 5 de ma traduction, sur la position respective des éléments. — Que c’est là la forme du contenu, l’expression est très obscure, et je n’ai pas cru devoir la modifier, parce que je n’ai rien trouvé qui l’expliquât dans le commentaire de Simplicius. La Forme est prise ici dans le même sens qu’un peu plus haut, dans le paragraphe précédent : « A la perfection de sa propre forme. » Le feu est la forme définitive et la perfection de l’air ; l’air est la forme de l’eau, etc. — Vers le semblable, dans la mesure où le feu ressemble à l’air, et l’air ressemble à l’eau. — Sont semblables, c’est l’expression même du texte ; mais il vaudrait mieux dire : « Analogues, » comme je l’ai fait un peu plus bas. — À l’inverse, c’est-à-dire que, de même que l’air est analogue à l’eau, de même l’eau est analogue à l’air ; mais l’air n’est pas analogue à l’eau, non plus que le feu ; la terre et le feu étant les extrêmes, qui n’ont aucune analogie directe, et n’en peuvent avoir que par les intermédiaires. — Comme la forme est à la matière, ainsi, la terre est la matière de l’eau, et l’eau est la forme de la terre ; l’eau, à son tour, est la matière de l’air, et l’air est la forme de l’eau, etc.