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dans l’autre ; -elle reste donc immobile au centre, sans pouvoir le quitter. Aristote trouve cette théorie fort élégante ; mais elle ne lui semble pas également vraie, et il y oppose plusieurs objections. Tout corps autre que la terre devrait, dans les mêmes conditions d’équilibre, rester au centre et en repos ; mais croit-on que le feu pût rester immobile au centre, même en le supposant à égale distance des extrémités ? De plus, si cette force d’équilibre agit sur la terre dans sa totalité, pourquoi n’agit-elle pas sur toutes les parties de la terre également ? Pourquoi voyons-nous les graves se diriger toujours vers sa surface et son centre ? Est-ce que les graves ne sont pas placés aussi à distance égale des extrémités du ciel ? Aristote repousse donc la théorie d’Anaximandre ; et dans sa critique, il sort même de sa gravité habituelle, pour se laisser aller à une plaisanterie : « La terre alors, dit-il, est avec son équilibre comme ce célèbre cheveu qui est très fortement tendu, et qui, l’étant partout d’une manière égale, ne peut plus jamais se rompre ; ou bien encore comme cet homme qu’on suppose avoir tout ensemble une faim et une soif dévorantes, mais qui, éprouvant les deux besoins avec une intensité égale, s’abstiendrait également de boire et de manger, parce qu’il serait nécessairement forcé de rester immobile et indécis entre ces deux besoins. »