ne distinguons pas le bruit, c’est que nous n’avons jamais eu le contraste du silence, qui y serait contraire ; car la voix et le silence, se font ainsi distinguer réciproquement l’un par l’autre. Or, de même que les forgerons, par l’habitude du bruit qu’ils font, n’en perçoivent plus la différence, de même aussi, dit-on, il en advient pour les hommes. Cette supposition, je le répète, est fort ingénieuse et fort poétique ; mais il est tout à fait impossible qu’il en soit ainsi.
§ 2. En effet, non seulement il serait absurde que l’on n’entendit rien, phénomène dont on essaye de nous donner l’explication que nous venons de rappeler ; mais encore il serait bien impossible que l’on n’éprouvât pas quelque chose de plus, indépendamment même de cette simple sensation. Ainsi, les bruits, quand ils sont excessifs, disloquent et brisent les masses même des corps inanimés ; et, par exemple, le bruit du tonnerre fait rompre les pierres [291b] et les corps les plus durs. Or, avec ce nombre de corps qui se meuvent, et avec l’intensité du son qui se proportionnerait