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La lune ne se meut pas davantage sur elle-même ; et la preuve, « c’est que la partie, qu’on appelle son visage, est la seule toujours visible à nos yeux. » Aristote admire donc beaucoup l’ordonnance du ciel et il y découvre, tout en la comprenant encore fort incomplètement, une merveilleuse régularité. Antérieurement à lui, d’autres avaient éprouvé le même enthousiasme ; mais l’imagination les avait égarés. « Quand on nous parle, dit Aristote, d’une harmonie résultant du mouvement de ces corps, pareille à l’harmonie de sons qui s’accorderaient entr’eux on fait une comparaison fort brillante, sans doute mais très vaine ; ce n’est pas là du tout la vérité. C’est, qu’en effet, il y a des gens qui se figurent que le mouvement de si grands corps doit produire nécessairement du bruit, puisque nous entendons autour de nous le bruit que font des corps qui n’ont ni une telle masse, ni une rapidité égale à celle du soleil et de la lune. Par là on se croit autorisé à conclure que des astres aussi nombreux et aussi immenses que ceux qui ont de prodigieux mouvement de translation, ne peuvent pas marcher sans faire un bruit d’une inexprimable intensité. » Aristote repousse « ces suppositions ingénieuses et poétiques, » comme le fait Laplace, quand il reproche à Képler et même à Huyghens de les avoir encore admises[1].

  1. Laplace, Exposition du système dit monde, Tome II, pages 339 et 342 édition de 1824.