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TRAITÉ DU CIEL.

reté. En résumé, on doit voir qu’il n’y a pas de corps qui puisse être infini[1], si l’on veut s’en convaincre en étudiant les choses en détail[2], comme nous venons de le faire, et si, au lieu de s’en tenir aux généralités que nous avons exposées dans nos théories sur les Principes[3], où nous avons antérieurement expliqué, d’une manière toute générale, ce qu’est et ce que n’est pas l’infini, on veut considérer les choses sous l’autre point de vue que nous venons de présenter maintenant.

§ 12. Après tout ceci, il faut examiner si l’univers, sans être d’ailleurs un corps infini, ne peut pas cependant être assez grand pour contenir plusieurs cieux[4] ; car on pourrait fort bien se demander si, de même que notre monde a sa constitution propre, il ne peut pas s’en être formé d’autres encore, outre le seul que nous connaissons, sans que pour cela néanmoins le nombre en soit infini[5]. § 13. Mais d’abord présentons quelques idées générales sur l’infini[6].

  1. C’est le résumé de tout ce chapitre.
  2. On pourrait traduire, aussi : « En étudiant les éléments un à un » et c’est le sens qu’indique Simplicius ; j’ai préféré l’autre version, parce qu’elle reste aussi vague que le texte.
  3. De l’aveu de tous les commentateurs, il s’agit ici de la Physique, où en effet ces questions ont été traitées, livre III, ch. 7, § 14, t. II, p. 106 de ma traduction.
  4. Il n’est pas probable, en effet, que nous connaissions l’univers ; et ce que nous en voyons n’en doit être qu’une bien faible partie. On voit que la question de la pluralité des mondes n’était pas neuve, quand Fontenelle se plut à la traiter voilà près de deux siècles.
  5. Du moment qu’on en suppose plus d’un, il n’y a pas de raison pour que le nombre n’en soit pas infini, à moins qu’on ne veuille entendre par Monde une partie seulement de l’univers.
  6. Qui ne seront que le résumé de celles qui sont développées tout au long dans la Physique, livre III, ch. 4 et suiv., t. II, p. 87 et suiv. de ma traduction.