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TRAITÉ DU CIEL.

moins de temps ; et les temps seront en proportion inverse des poids[1]. Par exemple, si un poids moitié moindre parcourt tel espace dans un certain temps, le double de ce poids parcourra le même espace dans la moitié de ce temps. § 9. De plus, un poids fini parcourt toujours une ligne finie dans un certain temps fini. Si donc il y a une pesanteur qui puisse être infinie, il en résultera nécessairement[2] que le corps infini devra d’abord se mouvoir[3] en tant qu’il est aussi considérable que le corps fini ; mais il ne pourra plus se mouvoir davantage dans la proportion où il le devrait conformément à la supériorité du poids, et à cette loi qui fait[4] qu’au contraire un poids plus fort doit se mouvoir dans un temps plus court. C’est qu’en effet il n’y a aucun rapport de l’infini au fini, comme il y en a un du temps fini, qui est plus court, au temps également fini, qui est plus long. Mais c’est toujours dans un temps de plus en plus petit que le corps infini ferait son mou-

    indiquée en partie dans la Physique, VII, ch. 6, t. II, p. 448 de ma traduction.

  1. C’est-à-dire, que plus le poids est considérable, plus le temps écoulé est court.
  2. Il y a ici une impossibilité et une contradiction inévitables, d’après les théories de l’auteur ; mais le texte reste obscur, et la pensée n’est pas assez nette. Si l’on suppose la pesanteur infinie, elle imprimera un mouvement au corps, comme la pesanteur finie en imprime un au corps fini. Mais il n’y a pas de proportion possible entre le fini et l’infini ; et le mouvement du corps qui aurait une pesanteur infinie, devrait être instantané ; or, il a été prouvé, dans la Physique, livre VI, ch. 2, § 8, t. II, p. 355 de ma traduction, qu’il n’y avait pas de mouvement possible dans la durée de l’instant. Ainsi, d’une part, le corps à pesanteur infinie devrait se mouvoir ; et d’autre part, il ne le pourrait pas. Voilà ce qui me semble ressortir de l’argumentation du texte, que n’ont pas assez éclairci les commentaires de Simplicius et de Saint-Thomas d’Aquin, et que je n’ose me flatter d’avoir éclairci davantage.
  3. Le texte n’est pas tout à fait aussi formel.
  4. Même remarque.