Page:Aristote - Traité du ciel, trad Saint-Hilaire, 1866.djvu/142

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
20
TRAITÉ DU CIEL.

l’appui des faits[1], et que les faits ne viennent pas moins à l’appui du raisonnement. En effet, tous les hommes, sans exception[2], ont une notion des Dieux[3], et tous ils attribuent à la Divinité le lieu le plus haut, grecs comme barbares, pourvu qu’ils croient à l’existence des Dieux ; en d’autres termes, ils entremêlent et réunissent[4] ainsi l’immortel à l’immortel[5], parce qu’il serait impossible[6] qu’il en fût autrement. Si donc il existe quelque chose de divin, comme en effet ce quelque chose existe, il en résulte que ce qu’on vient de dire ici sur la première essence des corps[7] est bien profondément vrai. Mais il suffit de l’observation de nos sens[8] pour nous en attester la parfaite exactitude, à ne parler ici que dans la mesure de la croyance due aux témoignages humains[9]. En effet, dans toute la série des temps écoulés, selon la tradition transmise d’âges en âges, il ne paraît pas qu’il y ait jamais eu le moindre changement ni dans l’ensemble du ciel[10] observé jusqu’à ses der-

    VIII, chap. 10, § 12, tome II, p. 524 de ma traduction.

  1. Aristote a toujours attaché une égale importance à l’observation des faits et à la théorie. Voir ma préface à la Météorologie, page XLIV et suiv.
  2. J’ai ajouté ces mots pour rendre la force de l’expression grecque.
  3. Le consentement universel ou à peu près universel est un argument très puissant, et dont il a été fait grand usage depuis Aristote et Platon.
  4. Il n’y a qu’un seul mot dans le texte.
  5. C’est-à-dire qu’ils donnent le ciel éternel pour demeure aux Dieux éternels comme lui.
  6. Parce qu’en effet un être immortel ne pourrait avoir une demeure caduque et passagère.
  7. C’est-à dire le cinquième élément ou le ciel.
  8. Non pas en tant que l’on peut observer individuellement, mais en tant que les observations peuvent se transmettre d’âges en âges.
  9. Voir la Météorologie, sur la durée séculaire des observations humaines pour certains faits, livre I, chap. 14, § 7, pages 88 et suiv.
  10. Peut-être la science moderne pourrait-elle citer des faits con-