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LIVRE I, CH. II, § 7.

§ 6. Il est bien possible[1] que le mouvement qui appartient à un autre corps, devienne aussi par force le mouvement d’un corps différent[2] ; mais selon l’ordre de la nature c’est impossible, puisque le mouvement naturel de chacun des corps simples est unique[3].

§ 7. De plus[4], si le mouvement contre nature est le contraire du mouvement naturel, et si chaque chose ne peut jamais agir qu’en sens contraire, il faut nécessairement que, si le mouvement circulaire simple[5] n’est pas conforme à la nature du corps qui est mu, il soit contre la nature de ce corps. Si, par exemple, c’est le feu ou tel autre corps pareil[6] qui est circulairement, son mouve-

    commentateurs ; il vaut mieux comprendre qu’il s’agit de l’éther. Voir le chapitre suivant, et aussi la Météorologie, livre I, ch. 3, §§ 3 et 4.

  1. L’expression de ce § est trop concise ; en voici la pensée un peu plus développée : « Le cinquième élément doit avoir le mouvement circulaire pour mouvement naturel ; car le mouvement circulaire ne pourrait être qu’un mouvement forcé pour les autres éléments, puisqu’ils n’ont naturellement qu’un seul mouvement, et que cet unique mouvement naturel est toujours en ligne droite : en haut, pour l’air et le feu ; en bas, pour la terre et pour l’eau. »
  2. Par exemple, le feu peut être par force poussé en bas, bien que sa tendance naturelle soit toujours de se diriger en haut.
  3. La terre et l’eau vont toujours en bas ; l’air et le feu vont toujours en haut. Ceci est un premier argument pour démontrer qu’il doit nécessairement exister un élément spécial, qui soit naturellement animé du mouvement circulaire, lequel serait un mouvement forcé pour tous les autres éléments.
  4. Second argument en faveur de l’existence nécessaire d’un cinquième élément. Un mouvement n’est jamais contraire qu’à un seul autre mouvement ; et le mouvement circulaire ne peut être le contraire du mouvement des quatre éléments connus ; car ils ont soit le mouvement en bas, soit le mouvement en haut ; et ces deux mouvements sont déjà contraires l’un à l’autre.
  5. C’est-à-dire non entremêlé de lignes droites ou de courbes irrégulières.
  6. Par exemple, l’air qui se rapproche du feu.