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TRAITÉ DU CIEL.

êtres auxquels ils s’appliquent, il s’ensuit que le corps est la seule des grandeurs[1] qui soit parfaite ; car il est le seul à être déterminé par trois[2], et c’est bien là ce qu’on entend par le Tout. Du moment que le corps peut se diviser de trois façons, il est complètement divisible, tandis que, pour le reste des grandeurs, c’est par un ou par deux seulement qu’elles se divisent. C’est en tant qu’elles participent du nombre[3] qu’elles sont susceptibles aussi de division et de continuité[4] ; et en effet, l’une n’est continue qu’en un sens ; l’autre l’est en deux[5] ; et enfin l’autre[6] l’est de toute espèce de façon. § 4. Celles des grandeurs[7] qui sont divisibles sont par cela même continues. Quant à savoir[8] si toutes les grandeurs qui sont continues sont divisibles aussi, c’est ce qu’on ne voit pas encore résulter clairement de ce que nous venons de dire ici ; mais ce qui doit être évident dès à présent, c’est qu’il n’y a pas pour le corps de passage possible[9] à un autre genre diffé-

  1. À l’exclusion de la ligne et de la surface, qui n’ont qu’une seule dimension, ou tout au plus deux dimensions.
  2. En longueur, largeur et profondeur.
  3. Subtilité pythagoricienne sans doute.
  4. La ligne est divisible ; mais elle n’est continue qu’en un seul sens, celui de la longueur.
  5. La surface est divisible en longueur et en largeur ; et elle est continue dans les deux sens.
  6. C’est le corps qui est divisible et continu dans les trois sens.
  7. Il semble qu’il ne devrait pas y avoir ici de restriction. Toutes les grandeurs dont s’occupe la science de la nature semblent devoir être divisibles et continues. Les grandeurs qu’étudient les mathématiques peuvent n’être pas continues.
  8. Il serait difficile d’indiquer dans quel ouvrage Aristote a traité cette question.
  9. J’ai conservé le plus que j’ai pu l’expression grecque. Aristote veut dire qu’on ne peut point passer du corps à trois dimensions à un autre corps qui en aurait quatre, par exemple,