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CXIII Quant à la faiblesse, voici en quoi elle consiste.

L’astronomie, pour se rendre compte de l’état présent de notre système, risque une hypothèse, celle de la nébuleuse disloquée et fractionnée ; et pour se rendre compte de l’origine et du principe même des choses, elle s’interdit d’essayer une hypothèse nouvelle bien autrement nécessaire que l’autre, si l’on peut dire que ce soit là une hypothèse. Cette réserve doit nous surprendre d’autant plus que l’astronomie, si elle est la plus exacte des sciences, est en même temps la plus audacieuse de toutes. Elle est un perpétuel et flagrant démenti au témoignage de nos sens. « L’astronomie s’est élevée au travers des illusions des sens, » à dit sans cesse Laplace, qui lui en fait le plus grand honneur. L’astronomie ne fait appel et ne se fie qu’à la raison. Et puis quand la raison veut remonter directement à son auteur, qui est aussi l’auteur des choses, la science se récuse et oppose ses scrupules ! Peut-être serait il mieux de ne pas dissimuler sa véritable pensée, et de confesser sur le champ son athéisme. Mais encore une fois, c’est revenir au règne du hasard, qu’on a cependant banni du système du monde, en lui opposant l’irrésistible argument de l’infini contre un.

Il semble au contraire que si, parmi les sciences, il en est une qui nous montre l’empreinte de la main divine et toute puissante, c’est celle des astres. CXIV