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aussi pour son instruction, sur quels arguments et sur quels faits d’un autre ordre elles s’appuient. Nier que ce soit l’intelligence qui préside au gouvernement du monde, ce n’est plus là de l’astronomie ; et la philosophie que peut choquer une telle erreur, se doit de la réfuter ; car c’est la question la plus grande et la plus générale de toutes celles qu’elle agite, une des plus anciennes, qui devrait aujourd’hui n’en être plus une, et qui semble d’autant mieux résolue que la science des hommes a fait plus de progrès.

Nous ne devons pas croire au mot sacrilège qu’une tradition incertaine prête au grand analyste ; et l’astronomie ne peut pas se passer de Dieu, parce que « c’est une hypothèse dont elle n’a pas besoin. » Il est bien certain que pour observer les faits, les classer et en tirer les lois, l’astronomie n’a aucun besoin de l’intervention divine, non plus qu’aucune autre science. Mais quand elle essaie de remonter jusqu’à la cause première, il faut qu’elle arrive à celle-là, ou qu’elle s’en remette pour l’organisation du monde à l’aveugle hasard, destructeur de l’ordre dans l’univers, et destructeur en outre de l’intelligence même qui l’adore et qui le déifie. Au fond, nier Dieu, nier l’être intelligent, tout puissant, infini, ce ne peut être qu’un préjugé ou une faiblesse. Je laisse le préjugé pour ce qu’il est ; et je n’en parle pas.