Page:Aristote - Traité du ciel, trad Saint-Hilaire, 1866.djvu/113

Cette page n’a pas encore été corrigée

CVII gible, qui est compris par l’intelligence humaine, relevât de quelque chose qui ne serait ni intelligent, ni intelligible ? Il y aurait ainsi, d’une part, notre intelligence qui comprend et un fait qui est compris d’elle parce qu’il est intelligible ; et d’autre part, il y aurait un quelque chose d’où viendraient ce fait et cet esprit intelligent, qui ne se sont pas produits eux-mêmes, et ce quelque chose n’aurait ni intelligence ni réalité, ! vraiment, ceci renverse toute raison. Ou il faut nier l’intelligence humaine tout entière avec les sciences qu’elle a fondées, et dont elle est si fière à bon droit ; ou bien il faut confesser hautement que notre intelligence est en rapport avec une autre intelligence qui éclate dans tout ce qui est intelligible. La seule différence entre cette suprême intelligence et la nôtre, c’est que c’est elle qui a tout fait après avoir tout conçu, tandis que l’intelligence humaine, limitée comme nous ne le savons que trop, ne conçoit et ne connaît qu’une très petite partie des choses, qu’elle ne fait point. Je le répète avec pleine assurance : ou il faut abdiquer toute raison, ou il faut reconnaître que c’est là la vérité même. Notre intelligence et l’ordre de l’univers supposent invinciblement une intelligence qui les a créés l’un et l’autre. C’est là une nécessité s’il en fût jamais ; c’est là une de ces chaînes de diamant dont parle Platon, et qui enlacent CVIII