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l’esprit de l’homme a besoin de beaucoup d’humilité, parce que dans ce domaine il n’a plus que ses propres forces et qu’il est dénué du secours de l’observation et de la réalité ; ce qui n’est pas d’ailleurs une cause nécessaire d’erreur.

Laplace lui-même croit si bien aux forces de l’intelligence et à la possibilité pour elle de remonter à une première cause, qu’il invoque souvent les lois de la raison, d’abord dans les mathématiques, et aussi dans l’explication de la nature. En parlant de la rotation de la terre, il trouve cette rotation plus rationnelle que l’immobilité ; la simplicité et l’analogie lui semblent exiger que la terre, qui n’est qu’un point dans l’espace, tourne autour du soleil plutôt que le soleil, avec les planètes et tout l’appareil sidéral, ne tourne autour d’elle. « Il est infiniment plus simple et plus naturel de penser, tout nous porte à penser, » selon lui, que la terre doit se mouvoir au lieu d’être immobile, comme nos sens voudraient nous le faire croire, comme l’ont cru les anciens. Laplace ne voit même dans l’attraction solaire qu’un de ces concepts dont les géomètres font souvent usage[1].

Bien plus, abandonnant cette voie et s’écartant

  1. Laplace, Exposition du système du monde, Tome I, pages 189, 191., 192, 201 et 228 ; et Tome II, pages 316 et 327, édition de 1824.