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la lune n’eût jamais été éclipsée par la terre ; sa lumière aurait constamment remplacé celle du soleil. Sans contredit, la lune n’a pas été faite expressément pour éclairer les nuits terrestres, puisqu’elle ne les éclaire pas toujours, tout en les éclairant les trois quarts du temps ; en ceci les causes finales ne sont pas bien appliquées. Mais pour cela faut-il les bannir de la nature entière ? Et peut-on conclure avec Laplace contre Newton, « que les causes finales ne sont aux yeux du philosophe que l’expression de l’ignorance où nous sommes des véritables causes ? »

J’en conviens ; il faut être très circonspect dans l’emploi des causes finales pour l’explication des phénomènes naturels ; car on ne peut nier qu’il soit possible d’en abuser au détriment de la vraie science. Mais dans les vastes problèmes qui comprennent l’ensemble des choses, il est impossible à la raison de ne point se demander, si ce n’est précisément quelle est la cause finale du moins quelle est la cause originelle de l’ordre universel, attesté par tant d’observations, vérifié par tant d’analyses, proclamé par l’instinct de l’humanité tout entière, affirmé par les sages. Il est impossible de ne pas dire avec Anaxagore que tout cela est le fait de l’intelligence. Quel a été le but de l’intelligence dans ces œuvres ? C’est une question toute différente, où XCVIII