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XCV son Scholie général : « Cet admirable arrangement du soleil, des planètes et des comètes ne peut être que l’ouvrage d’un être intelligent et tout-puissant [1] ». Il est bien possible que Newton se soit trompé, comme plus tard Euler, en croyant que le système du monde allait en s’altérant, et que ce système aurait enfin besoin d’être remis en ordre par son auteur ; mais là n’est pas la question. Muable ou éternel, l’ordre présent des choses, d’où vient il ? Voilà uniquement ce dont il s’agit[2].

Si je comprends bien l’argument de Laplace, il répond que cet arrangement des planètes est lui-même un effet des lois du mouvement, et que la suprême intelligence, que Newton fait intervenir, peut avoir subordonné cet arrangement à un phénomène plus général encore. Soit ; mais ce n’est pas une réponse définitive ; car alors on doit de XCVI

  1. Laplace, Exposition du système du monde, Tome II, page 398, édition de 1824. Toute cette réfutation de Newton me paraît fort embarrassée, et elle n’a pas la précision et la rigueur qu’exige un si grand sujet. Laplace fait d’ailleurs un bel éloge de Newton et de sa méthode d’induction, Tome II, pages 369 et suivantes.
  2. Laplace semble se contredire lui-même, et après avoir voulu réfuter Newton, il établit, suivant les travaux de Cuvier sur les fossiles, que la nature a une tendance à changer les choses même les plus fixes en apparence. Il ne veut pas excepter de cette loi notre système solaire, qui dès lors changera comme le disait Newton, mais qui, selon Laplace, n’aura pas besoin de l’intervention de Dieu pour se remettre spontanément en ordre.