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y a l’infini à parier contre un que ce phénomène : « un des plus singuliers du système solaire », n’est point l’effet du hasard. L’arrangement réciproque des trois premiers satellites de Jupiter ne paraît pas moins merveilleux à Laplace, et il répète encore qu’il y a l’infini à parier contre un que, la longitude moyenne de ces trois satellites dans certaines conditions étant constamment égale à deux angles droits, cette égalité ne peut pas être due au hasard[1].

Si ce n’est pas le hasard qui est la cause du système du monde, c’est donc l’intelligence, comme l’affirmait déjà le vieil Anaxagore[2]. Le hasard ne peut pas être la cause de l’ordre, établi non pas simplement une fois, mais éternellement maintenu. Le hasard, ainsi que l’a démontré péremptoirement Aristote, est précisément l’opposé de tout ce qui est régulier et constant. Cependant Laplace ne se rend pas à ce dilemme inévitable ; et par une contradiction incompréhensible, il blâme Newton d’avoir dit dans

  1. Laplace, Exposition du système du monde, Tome II, pages 393, 444 et 447, édition de 1824.
  2. « Rapporter un tel résultat au hasard ou à la fortune n’eût pas été raisonnable. Aussi, quand un homme vint dire qu’il y a dans la nature comme dans les animaux une intelligence qui est cause de l’arrangement et de l’ordre dans l’univers, cets homme parut avoir seul conservé sa raison au milieu des folies de ses devanciers. » Aristote, Métaphysique, Livre I, chap. 3, traduction de M. Victor Cousin.