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doit être fait selon le vœu de la Nature, là, où, et quand la Nature l’exige. Ce qui n’est qu’en puissance ne peut passer à l’être lorsque le moteur n’a pas l’acte indispensable, pas plus que l’agent qui a l’actualité voulue ne peut amener à l’être la première chose venue. C’est comme l’ouvrier qui ne peut faire un vase qu’avec du bois, et comme le vase qui, sans l’ouvrier, ne peut sortir du bois dont il doit être formé.

§ 18[1]. La chaleur qui est contenue dans l’excrétion spermatique, y est animée d’un mouvement et d’une force, qui, sous le rapport de la quantité et de la qualité, sont en proportion de chacun des organes. Selon que cette force est ou insuffisante ou surabondante, elle compose moins bien l’être qui doit naître, ou même elle le mutile, à peu près comme les matières extérieures qu’on fait cuire pour en tirer nos aliments, ou pour tel autre usage. C’est nous qui pour ces matières mesurons la chaleur, en proportion du mouvement que nous voulons lui faire produire ; mais pour

  1. La chaleur qui est contenue… Cette théorie sur les effets de la liqueur séminale est absolument hypothétique ; il ne faut pas trop s’en étonner dans une question aussi difficile. Aujourd’hui même, nos physiologistes les plus habiles seraient fort embarrassés de dissiper toutes ces ténèbres. — De chacun des organes. C’est-à-dire, des organes que l’embryon doit avoir, et qui se développeront plus tard. — Pour en tirer nos aliments. La comparaison, pour être familière, n’en est pas plus juste. — La nature du générateur… Dans les espèces d’animaux où les sexes sont séparés. — Qui naissent spontanément. Voir plus haut, liv. I, ch. I, § 5, et passim. — La chaleur de la saison. Ce n’est là qu’une apparence ; et même, sans le secours du microscope, Aristote aurait pu s’en convaincre. — La privation de la chaleur. Ceci contredit le Traité des Parties, liv. II, ch. II, § 18, de ma traduction, où il est établi que le froid n’est pas une simple privation de chaleur, mais que c’est une nature à part et absolue. On pourrait croire que cette phrase : « Quant au froid… de la chaleur », n’est qu’une interpolation.