l’embarras, c’est que les parties qui donnent le mouvement sont, sous le rapport de leur production, antérieures à la fin poursuivie ; et les parties motrices sont bien difficiles à distinguer des parties organiques. § 11[1]. C’est cependant par cette méthode qu’il faut rechercher comment tel organe vient après tel autre. Tantôt la fin est postérieure ; tantôt elle est antérieure ; et voilà pourquoi l’organe qui renferme le principe vient le premier, et pourquoi la masse supérieure du corps ne vient qu’à la suite de celle-là. Voilà aussi comment c’est la région de la tête et celle des yeux qui se montrent les plus grandes dans les fœtus, et comment les parties au-dessous du nombril, telles que les jambes, se montrent d’abord si petites. Cette disposition tient à ce que le bas est fait pour le haut, et qu’il n’est, ni une partie de la fin à atteindre, ni capable de la produire.
§ 12[2]. C’est donc se tromper et mal expliquer la nécessité du moyen employé que de se borner à dire que
- ↑ Tel organe. Le texte n’a qu’un pronom relatif neutre ; j’ai cru pouvoir être un peu plus précis. — La fin est postérieure… antérieure. Ceci méritait une explication plus claire. — La masse supérieure du corps. On ne voit pas que cette conclusion ait rien de nécessaire. — Voilà aussi comment… Le fait est exact ; et il est certain que la tête et les yeux, chez beaucoup d’animaux, sont d’abord d’une grandeur démesurée. Mais la cause ne peut pas être celle qu’Aristote indique ; le bas peut être fait à quelques égards pour le haut, et les jambes sont faites réellement pour soutenir le corps, placé au-dessus d’elles : mais les raisons toutes logiques qu’on donne de leur petitesse dans les premiers temps de la vie, ne sont pas suffisantes. — Moyen employé. Le texte dit simplement : « du pourquoi ».
- ↑ Sont toujours ce qu’elles sont. Peut-être vaudrait-il mieux dire : « ont été » au lieu de « sont ». L’argument se réduit alors à constater ce que sont les choses, sans essayer d’en pénétrer la cause, en remontant à leur origine. — Et à trouver là toute l’origine. Ou « tout le principe ». En grec, le mot du texte a les deux sens. — Démocrite d’Abdère. Sur les travaux zoologiques de Démocrite, voir la préface à l’Histoire des Animaux, pp. LXI et suiv. Ici, il ne s’agit que d’une théorie métaphysique, par laquelle Démocrite essayait d’expliquer la nature. — Le seul principe. Le texte dit simplement : « le principe ». — C’est rechercher encore le commencement de l’infini. Ici, comme dans bien d’autres passages, nous avons peine à bien comprendre les réfutations qu’Aristote oppose à ceux qu’il contredit ; c’est sans doute parce que nous ne connaissons pas assez bien les opinions auxquelles il répond. Si nous avions sous les yeux les œuvres de Démocrite, comme Aristote les avait, nous verrions mieux le sens des objections, dont la force nous échappe trop souvent.