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en ce sens, non pas que les parties se meuvent en changeant de place, mais que, restant en place et modifiées par la mollesse, par la dureté, par les couleurs, ou telles autres différences analogues des parties similaires, les organes deviennent en fait ce qu’ils n’étaient antérieurement qu’en puissance. Tout d’abord, c’est le principe de tout le reste qui se constitue ; et ce principe, ainsi que nous l’avons souvent répété, c’est le cœur dans les animaux qui ont du sang ; et c’est, dans les autres, l’organe correspondant. § 9[1]. C’est ce qu’on peut voir par l’observation sensible, non seulement au début de l’existence, mais en outre au moment de la mort. Le cœur est le dernier organe qui garde la vie, et qui cesse le dernier de vivre. Or, toujours ce qui naît en dernier lieu est le premier à disparaître ; et le premier en date est ce qui disparaît le dernier, comme si la Nature faisait une course

  1. Par l’observation sensible. Il faut remarquer une fois de plus combien Aristote attache d’importance à la méthode d’observation. — Au début de l’existence. Le texte dit seulement : « D’abord ». — De la mort. L’expression du texte est plus générale : « de la fin ». — Qui cesse le dernier de vivre. Je ne sais pas si le fait est aussi exact que le croit Aristote ; mais les battements du pouls, en cessant, semblent annoncer que le cœur a été le dernier des viscères à vivre. — Ce qui naît en dernier lieu.., Ces théories sont bien vagues, quoiqu’elles soient vraies pour le cas spécial du cœur, qui est le premier à paraître et le dernier à vivre. — Et revenait à son point de départ. La comparaison n’est peut-être pas très juste ; seulement, le cœur, destiné à manifester la vie dès ses premières opérations, la manifeste jusqu’aux dernières. Aristote explique d’ailleurs clairement ce qu’il entend par « la double course » qu’il attribue à la Nature.