sont vivants. Ainsi, l’on ne peut pas croire que ces sortes d’œufs soient tout ce que sont les œufs féconds, puisqu’alors il en sortirait également en fait un être animé ; mais ces œufs ne sont pas davantage des choses inertes comme le bois ou la pierre. § 4[1]. Il faut donc supposer qu’il y a pour ces œufs une espèce d’altération qui les détruit, et qu’en quelque manière ils avaient antérieurement la vie en partage. Ils ont donc évidemment une âme quelconque en puissance. Mais quelle est cette espèce d’âme ? Certainement, ce ne peut être que le plus bas degré de l’âme, en d’autres termes, l’âme nutritive, qui se trouve indifféremment dans tous les animaux et dans toutes les plantes. Pourquoi ne suffit-elle pas à faire tous les organes et l’animal complet ? C’est que l’animal et les organes doivent avoir l’âme sensitive. § 5[2]. Les parties des animaux ne sont pas comme celles de la plante ; et voilà pourquoi elles ont besoin de la coopération du mâle, qui est séparé dans les animaux de cette espèce. C’est
- ↑ Ils avaient antérieurement la vie en partage. Je ne sais si la physiologie moderne accepte cette hypothèse. Si la vie avait été d’abord dans ces œufs, elle s’y serait développée comme dans les autres. — Une âme quelconque en puissance. La supposition est peut-être tout à fait arbitraire. — Quelle est cette espèce d’âme. Il serait bien difficile de le dire ; et supposer que l’âme nutritive est dans les œufs clairs, c’est aller beaucoup trop loin ; comme il n’y a pas d’âme au-dessous de l’âme nutritive, il semble rationnel d’admettre que celle-là même n’est pas dans les œufs clairs. — Doivent avoir l’âme sensitive. C’est résoudre la question par la question ; si l’âme nutritive est déjà dans les œufs clairs, on peut se demander pourquoi elle n’y nourrit pas l’embryon.
- ↑ Voilà pourquoi. L’explication peut paraître insuffisante. — Ils peuvent devenir féconds. C’est là une question que la science moderne semble avoir négligée. Il est assez peu probable qu’à aucun moment les œufs clairs puissent devenir féconds. — Ultérieurement. Voir plus loin, liv. III, ch. I à VI, consacrés presque tout entiers à la question des œufs en général, et spécialement à celle des œufs clairs, ch. VI. — Qui soit femelle. Il faudrait dire : Hermaphrodite, et non femelle ; car s’il n’y a que des femelles, la génération n’est pas possible. Il y a des animaux qui se fécondent eux-mêmes ; mais ils sont au plus bas degré de l’animalité. — Produire d’eux seuls. Aristote n’avait peut-être pas observé directement des animaux de ce genre ; mais on peut croire que sa sagacité les supposait.