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distingue le premier, parce que c’est lui qui est le principe des parties similaires, aussi bien que des parties non similaires. § 6[1]. Il est tout simple, en effet, de supposer que c’est le cœur qui est le principe de l’animal et de son organisme entier, dès que l’animal a besoin de se nourrir. Du moment qu’il existe, il se développe ; or, la nourriture dernière de l’animal est le sang, ou tel autre fluide analogue à celui-là. Le vase qui contient ces fluides, ce sont les veines ; et c’est pour cette raison que le cœur en est le principe. On peut voir tout cela dans l’Histoire des Animaux et dans les Descriptions Anatomiques. § 7[2]. L’embryon étant déjà en puissance un animal, mais un animal incomplet, il doit nécessairement tirer sa nourriture d’un autre

  1. Il est tout simple, en effet, de supposer. C’est la théorie, guidée par la raison, qui s’explique de cette façon les faits observés au moyen de la sensation. — Et de son organisme entier. Le texte dit : « De son système ». — La nourriture dernière. C’est-à-dire, les aliments ingérés d’abord sous forme grossière, et élaborés successivement par les organes de toute espèce qui se trouvent dans le corps, de manière à devenir le sang qui les nourrit. — Dans l’Histoire des Animaux. Ceci se rapporte à la grande discussion d’Aristote sur l’origine des veines contre Diogène d’Apollonie, Syennésis de Chypre et Polybe, le gendre d’Hippocrate. Voir l’Histoire des Animaux, liv. III, ch. I, II, III, de ma traduction. — Les Descriptions anatomiques. Malheureusement elles ne sont pas arrivées jusqu’à nous. Voir l’Histoire des Animaux, liv. VI, ch. X, § 18, de ma traduction, et Préface, CLXVI, et passim.
  2. Étant déjà en puissance un animal. Cette expression est ici mieux placée que partout ailleurs ; et le développement de l’embryon n’est qu’une réalisation successive de la puissance déposée dans le germe. — D’un autre être. Ceci est vrai d’une manière générale pour les ovipares, aussi bien que pour les vivipares. — Comme la plante se sert de la terre. Métaphore très exacte qui, depuis Aristote, a été répétée plusieurs fois par les physiologistes. — Les deux premières veines. Dans le système d’Aristote, c’est l’aorte et la veine qu’il appelle la grande veine, c’est-à-dire la veine cave supérieure ; voir l’Histoire des Animaux, liv. III, ch. III, § 6. et ch. IV, avec les notes. — Qui se rendent à la matrice. C’est le cordon ombilical qu’Aristote veut décrire, mais qu’il décrit trop sommairement. — Qu’on appelle l’ombilic. MM. Aubert et Wimmer regardent ces mots comme apocryphes, et ils les mettent entre crochets. — Une seule veine… plusieurs veines. On ne peut pas demander plus de précision à l’anatomie aristotélique ; aujourd’hui même, cette anatomie est encore excessivement difficile ; voir le Traité pratique d’Anatomie descriptive, de M. J. N. Masse. 1858. pp. 353 et suiv., et son Atlas. 1879, pl. LXXVI. Voir aussi l’Histoire des Animaux, liv. VII, ch. III et suiv., de ma traduction. — Une enveloppe de peau. Le cordon ombilical se compose en effet d’une gaine avec du tissu cellulaire, des artères et des veines. Il est très apparent dès la fin du premier mois ; sa longueur et sa grosseur varient beaucoup. Il se tord en spirale vers la fin du troisième mois ; voir M. Masse, loc. cit. Il est d’ailleurs évident, par ce passage, qu’Aristote avait fait des observations anatomiques sur le cordon ombilical dans plusieurs espèces d’animaux, outre l’espèce humaine.