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des menstrues ; car la fonction naturelle du lait et des menstrues est toute pareille. § 2[1]. La partie corporelle se coagulant, la partie liquide se sépare ; puis, les portions terreuses se desséchant, il se forme des membranes tout autour, par une action nécessaire, et aussi en vue d’un certain but à atteindre. Les extrémités doivent se dessécher, soit que les autres parties s’échauffent, soit qu’elles se refroidissent ; car il ne faut pas que l’embryon soit dans le liquide ; mais il doit en être séparé. Ces extrémités s’appellent les unes des membranes ; les autres, des chorions ; mais entre les unes et les autres, il n’y a différence que du plus au moins. On les retrouve également, soit dans les ovipares, soit dans les vivipares. § 3[2]. Quand l’embryon a pris de la consistance, il se conduit à peu près comme les

  1. Corporelle. J’ai conservé le mot du texte. Corporelle équivaut ici à Matérielle. — Il se forme des membranes tout autour. L’analyse, comme on le voit, n’est pas poussée très loin ; il n’y a pas à s’en étonner pour ces débuts de la science. — Des membranes… des chorions. C’est surtout sur l’œuf des oiseaux que, de nos jours comme au temps d’Aristote, on peut faire des observations suivies ; les premiers développements de l’œuf dans l’espèce humaine ne peuvent pas être observés aussi aisément. Dans l’œuf, on distingue bien vite la membrane vitelline, et la membrane qu’on appelle blastoderme. Aristote les avait-il distinguées ? C’est fort douteux ; ce n’est pas cependant impossible. Un peu après que le blastoderme s’est montré, l’œuf se revêt de trois tuniques emboîtées, intérieure, moyenne, et extérieure. La membrane extérieure de l’œuf qu’on appelle le chorion, ne vient qu’un peu plus tard, ainsi que l’amnios. Voir le Traité élémentaire de Physiologie humaine de M. Béclard, p. 1170, 6e édition. — Les ovipares… les vivipares. Ce rapprochement est fort remarquable ; et il semble que, dès cette époque reculée, Aristote soupçonne de grandes analogies entre l’œuf des oiseaux et l’œuf des vivipares.
  2. À peu près comme les graines. La vie qui se développe dans la plante n’est pas moins mystérieuse que la vie dans l’animal ; mais elle a été moins étudiée, parce qu’elle est moins compliquée, et plus loin de nous. — Dans les semences elles-mêmes. Peut-être vaudrait-il mieux traduire : « Dans les spermes ». Le mot grec a les deux sens, et l’on pourrait indifféremment adopter l’un ou l’autre. — À se diviser. Ou : « A s’organiser ». Les racines et les tiges se ramifient dans la plante, comme les membres se séparent et se divisent dans l’animal, qui n’est d’abord qu’une masse tout à fait indistincte. — Est près de se manifester. Le texte est aussi vague.