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venant du sperme. Si elles sont dans le mâle, ou elles viennent toutes du dehors, ou aucune n’en vient ; ou bien enfin, les unes viennent de l’extérieur, et les autres n’en viennent pas. § 6[1]. Que toutes ces âmes viennent extérieurement dans l’être et y préexistent, c’est là une chose impossible, et voici ce qui le prouve évidemment. Pour tous les principes dont l’action est corporelle, il est clair qu’ils ne peuvent exister sans le corps ; et par exemple, il est bien impossible de marcher sans pieds. Il est donc très certain que les principes dont nous parlons ne peuvent venir du dehors. Puisqu’ils sont inséparables, ils ne peuvent venir par eux seuls et isolément, ni entrer dans le corps ; car le sperme est une sécrétion de la nourriture qui a été modifiée de façon à devenir du sperme. § 7[2]. Il ne reste donc plus qu’une hypothèse, c’est que l’entendement seul vient

  1. C’est là une chose impossible. Si cette assertion peut sembler téméraire, Aristote du moins essaie de la justifier par des arguments qu’il croit irréfutables, et qui ne sont pas certainement sans valeur. — L’action est corporelle… sans le corps. Cette tautologie est dans le texte. Au lieu de Principes, MM. Aubert et Wimmer préféreraient Actions ; et alors il faudrait traduire : « Pour toutes les actions dont l’exécution est corporelle » : les manuscrits n’autorisent pas cette variante. — Il est bien impossible de marcher sans pieds. La marche n’est pas un principe ; et c’est pour ce motif que MM. Aubert et Wimmer proposent une leçon nouvelle. — Dont nous parlons. J’ai ajouté ces mots pour plus de clarté ; ils me semblent indispensables. — Inséparables. Ils sont essentiels à l’être, qui sans eux n’existerait pas. — De façon à devenir du sperme. Le texte n’est pas aussi explicite.
  2. L’entendement seul vient du dehors… il est divin. Voir les mêmes théories dans le Traité de l’Âme, liv. I, ch. IV, § 14, et liv. III, ch. V, 2. p. 104, de ma traduction : voir encore liv. III, ch. VII, § 8. p. 319. Des théories analogues se retrouvent aussi dans la Métaphysique, liv. VII, ch. X, § 15, de ma traduction. — D’un autre corps. L’expression est bien vague. — Plus divin que ce qu’on appelle les éléments. On ne peut pas affirmer plus clairement l’immatérialité de l’âme : et Platon n’a pas mieux dit. — Les éléments. La formule qu’adopte ici Aristote a quelque nuance de dédain, qui relègue la matière au dernier rang des choses. — La nature des éléments ne diffère pas moins. Ceci résulte de l’ordre même dans lequel on range d’ordinaire les quatre éléments : Terre, eau, air, feu, selon leur pesanteur, ou leur ténuité. — La chaleur. Nous ajouterions aujourd’hui : La chaleur animale. Tous les physiologistes modernes traitent le sujet de la chaleur animale, comme un des plus importants de toute la science. — Ce n’est pas tout à fait du feu. La restriction est exacte, quoique le fait de la chaleur dans l’animal puisse être considéré comme une combustion. — Le souffle, ou l’esprit. Il n’y a qu’un mot dans le texte, et MM. Aubert et Wimmer remarquent avec raison que ce mot est bien obscur. — Analogue à l’élément des astres, c’est une pure hypothèse qui peut sembler bien chimérique.