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moins impossible que ce qui a fait, ou toutes les parties ou certaines parties de l’animal, puisse périr et disparaître ; car alors qui formerait les parties restantes ? § 4[1]. Si ce quelque chose forme le cœur, par exemple, et qu’il disparaisse, et que le cœur à son tour forme quelque autre organe, l’objection est toujours la même, et il faut que tout périsse ou que tout subsiste et demeure. Or, l’animal subsiste ; il y a donc une partie de lui qui se trouve immédiatement dans le sperme, et s’il n’y a rien de l’âme qui ne doive être aussi dans une certaine partie du corps, il faut que, dès l’origine, cette partie soit immédiatement animée par l’âme. Et alors, comment les autres parties le sont-elles ? § 5[2]. De deux choses l’une : ou toutes les parties se forment ensemble et à la fois :

  1. Forme le cœur. Aristote prend le cœur pour exemple, parce que, de tous les viscères, c’est le premier qui se montre dans l’embryon, à cause de ses battements ; voir le Traité des Parties, liv. III, ch.. VII, § 8 de ma traduction. — Il faut que tout périsse. Le texte n’est pas plus explicite : et sans doute, l’auteur veut dire que, si le principe initial vient à disparaître, tous les organes cessent de fonctionner, et que le mouvement de l’un ne suffit plus pour mouvoir les autres. C’est le principe même qui doit subsister, pour que tout le reste subsiste et conserve la vie. — Une partie de lui. C’est une cause qui subsiste dans l’embryon plutôt qu’une partie de l’embryon même. — Dans une certaine partie du corps. L’union de l’âme et du corps a toujours été conçue par Aristote de cette manière ; voir le Traité de l’Âme, liv. II, ch. 1, §§ 4 et 5, et passim. L’âme ne signifie que la vie dans ce passage : ce ne peut pas être encore l’entendement, qui ne vient que plus tard.
  2. De deux choses l’une. Le texte n’est pas aussi formel. — Attribués à Orphée. Ainsi du temps même d’Aristote, les poésies d’Orphée, si jamais il avait composé des vers, n’étaient pas authentiques. — Comme les mailles d’un filet. Ce sont les ramifications des veines, qui, sans doute, auront prêté à cette comparaison. — Que toutes les parties du corps. Ceci n’est peut-être pas exact ; tous les organes existent dès le début à l’état embryonnaire ; et ils ne font ensuite que se développer. — La moindre observation sensible. C’est chronologiquement le premier élément de la science ; la réflexion ne vient qu’après, pour former la théorie et donner l’explication des phénomènes et de leurs causes. — D’autres n’apparaissent pas encore. Mais ils n’en existent pas moins, quoique invisibles. — Et qu’on ne dise point… En ceci. Aristote se trompe, et il est certain que même aujourd’hui où la science dispose d’instruments si puissants, la petitesse des objets est un véritable obstacle aux observations les plus attentives. — Le poumon….. ne se montre qu’après le cœur. Ceci est exact. Mais c’est le système nerveux qui se développe le premier de tous, sur la tache germinative de l’embryon : puis, les sens, les os, les muscles, la peau. C’est vers le quinzième jour que se montrent les premiers vestige de l’appareil vasculaire et respiratoire. Le cœur, ou punctum saliens, a dès lors des contractions, qui commencent la circulation utérine. Mais tous ces détails sont excessivement ténus, et il n’est pas étonnant que les premiers observateurs ne s’en soient pas rendu compte, voir M. Béclard, Traité élémentaire de physiologie humaine, 6e édition, pp. 1185 et suiv. ; et M. Colin. Physiologie comparée des animaux, 2e édition, tome II, pp 842 et suiv.