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qu’ils sont froids, et un être vivant parce qu’ils sont humides. C’est que l’humide est plein de vie, et que le sec est de beaucoup ce qu’il y a de plus éloigné de l’être animé. Or, comme ils n’ont ni ailes, ni carapaces, ni écailles, qui sont les marques d’une nature plus sèche et plus terreuse, ils font un œuf qui est mou. § 17[1]. Mais le terreux ne flotte pas plus à la surface dans l’œuf qu’il n’y flotte dans l’animal lui-même ; et c’est là ce qui fait que ces animaux produisent en eux-mêmes un œuf ; car si l’œuf, n’ayant rien qui le protège, allait au dehors, il y périrait. Mais les animaux plus froids et plus secs produisent un œuf qui est incomplet, et qui a une pellicule dure, parce que ces animaux sont terreux. Cet œuf, tout incomplet qu’il est, peut subsister sain et sauf, parce que son enveloppe est assez ferme pour le protéger.

§ 18[2]. Les poissons qui ont des écailles et les crustacés,

  1. Ne flotte pas à la surface. Ceci veut dire que la partie terreuse, étant la plus lourde, reste au fond, où elle produit l’œuf, d’où le jeune doit sortir. Le texte n’est pas plus précis que ma traduction. — N’ayant rien qui le protège. Ce qui protège l’œuf des gallinacés, par exemple, c’est la coquille, qui a la dureté nécessaire : et cette dureté ne peut venir que de la partie terreuse, selon la théorie des quatre éléments. — Les animaux plus froids et plus secs. Ceci est bien vague ; et un ne voit point assez nettement quels sont les animaux que l’auteur veut désigner. — Une pellicule dure. Cette organisation de l’œuf est de toute évidence dans les oiseaux ; mais chez les poissons mêmes, l’œuf a toujours une pellicule résistante ; et sans elle, il ne subsisterait pas. Aristote le fait remarquer dans le paragraphe suivant.
  2. Les poissons qui ont des écailles. Peut-être Aristote veut-il distinguer par là les cétacés et les poissons cartilagineux des autres animaux aquatiques. La plupart des poissons ont le corps couvert d’écailles : mais la zoologie moderne ne semble pas attacher d’importance à ce caractère ; voir Cuvier, Règne animal, tome II, p. 125, édition de 1829. — Qui sont terreux. Sans doute à cause du test ou carapace que portent ces animaux. Voir Cuvier. Règne animal, tome IV, pp. 26 et 27. — Dont le corps est naturellement visqueux. C’est là ce qui leur a fait donner le nom qu’ils portent. « Leur peau est nue, dit Cuvier, très sensible, ordinairement enduite d’une humeur qui suinte de ses pores. » Règne animal, tome III, p. 3. Leur peau ressemble à une membrane pituitaire ; et elle se développe en une sorte de manteau, qui recouvre tout le corps. Leurs œufs, dans les mollusques ovipares, sont enveloppés d’une coquille plus ou moins dure, ou même d’une simple viscosité ; Cuvier, id., ibid., p. 6.