dont la Nature est l’objet. Mais en observant les faits que présentent l’espèce des chevaux et l’espèce des ânes, on se rendra bien mieux compte de la cause de la stérilité du mulet. D’abord, on voit que l’une et l’autre de ces espèces, parmi tous les animaux de même ordre, ne font jamais qu’un seul petit. Les femelles ne sont pas toujours disposées à recevoir les mâles ; et c’est pour cela qu’on ne les laisse saillir par les chevaux qu’à de longs intervalles, parce qu’elles ne peuvent pas porter continuellement. § 12[1]. La jument n’est pas sujette à des menstrues régulières ; et de tous les quadrupèdes, c’est elle qui a la plus faible émission. L’ânesse ne garde pas la semence qu’elle a reçue, et elle la rejette avec son urine ; et voilà pourquoi des gens placés derrière elle lui donnent des coups de fouet, en la poursuivant. De plus, l’âne est un animal froid ; aussi ne vient-il pas dans les climats où
- ↑ La plus faible émission. Je ne sais pas si cette observation a été confirmée par la science moderne. En général, l’évacuation mensuelle est très faible chez tous les quadrupèdes. — Lui donnent des coups de fouet. Cette coutume existe toujours dans plus d’un pays ; et elle vient de la cause qu’indique Aristote, c’est-à-dire de la facilité qu’a l’ânesse à perdre immédiatement la semence qu’elle vient de recevoir. Voir l’Histoire des Animaux, liv. VI, ch. XXIII, § 1, et la note empruntée à Buffon. — Un animal froid. Aristote explique lui-même ce qu’il entend par là. — Où l’hiver est trop rude. Ceci est exact. — La Scythie. C’est la contrée au delà du Danube, et la Russie. — Les Celtes, au nord de l’Ibérie. C’est la France, dont le climat, au temps d’Aristote, était sans doute plus rude qu’il ne l’est de nos jours. Voir l’Histoire des Animaux, liv. VIII. ch. XXIV, § 1.