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l’âne, qui sont autres spécifiquement ; et il est positif que d’êtres qui sont autres en espèce, il provient toujours un être qui est autre aussi, comme ils le sont eux-mêmes.

§ 10[1]. J’avoue que ce raisonnement est trop général, et qu’il est assez vide. Les arguments tirés de principes qui ne sont pas spéciaux à la question qu’on traite, sont vides et sans force ; ils semblent la résoudre, tout en ne s’appliquant pas réellement aux choses. En effet, les arguments tirés des principes géométriques sont géométriques, et il en est de même de tous les autres. Mais ce qui est vide et creux ne fait que paraître quelque chose, tandis qu’au fond, ce n’est rien. Il est faux, ainsi que nous l’avons déjà dit, que, de parents qui ne sont pas de même espèce, il naisse souvent des êtres féconds. § 11[2]. Ce n’est pas là une méthode à suivre, ni dans les autres études, ni dans celles

  1. J’avoue. L’expression du texte n’est pas aussi vive ; mais cette nuance y est implicitement comprise. — Assez vide. C’est la formule dont Aristote se sert assez souvent, contre les théories purement métaphysiques qu’il combat. — Sont vides. La répétition est dans l’original. — Et sans force. J’ai ajouté ces mots. — Ils semblent… Ils n’ont qu’une apparence trompeuse, et ils ne démontrent pas. — Vide et creux. Il n’y a qu’un seul mot dans le texte. — Ainsi que nous l’avons déjà dit. Il y a, dans tout ce qui précède, une foule de passages auxquels ceci peut s’appliquer. — Il naisse souvent des êtres féconds. Sous une autre forme, c’est le principe même de la perpétuité des espèces.
  2. Ce n’est pas là une méthode à suivre. Il est impossible de se prononcer plus nettement en faveur de la méthode d’observation, dans les sciences en général, et spécialement en histoire naturelle. La logique ne doit être appliquée que dans les questions où l’observation n’est pas possible. — En observant les faits. Aristote ne s’est jamais écarté de cette méthode, qu’il n’a pas créée précisément, mais qu’il a comprise et appliquée aussi bien que nous pouvons le faire. — On se rendra bien mieux compte… C’est le moyen le plus sûr, sans que d’ailleurs il soit absolument efficace. — D’abord, on voit. C’est la constatation des faits les plus frappants. — Un seul petit. Voir l’Histoire des Animaux, liv. VI, ch. XX, §§ 2 et 3, de ma traduction, et liv. VI, ch. XXIII, §§ 2, 3, 4. — À de longs intervalles. Il faut d’ailleurs que les femelles soient en chaleur.