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génération des animaux. § 3[1]. Cet ordre d’êtres n’est pas de nature à être éternel ; mais une fois nés, ils deviennent éternels dans la mesure où ils peuvent le devenir. Numériquement et pris un à un, c’est impossible, puisque l’essence de tout ce qui est, c’est d’être individuel ; s’il était dans les conditions voulues, il serait certainement éternel ; mais il peut être éternel en espèce. C’est ainsi que subsistent perpétuellement l’espèce humaine, par exemple, l’espèce des animaux, et l’espèce végétale. § 4[2]. Le principe des uns et des autres étant la femelle et le mâle, la femelle et le mâle sont faits en vue de la génération dans les êtres qui ont les deux sexes. Mais la cause qui donne le mouvement initial étant, de sa nature, meilleure et plus divine que la matière, puisque c’est dans cette cause que se trouvent l’essence de l’être et son espèce, il vaut mieux aussi que le meilleur soit séparé du

  1. Cet ordre d’êtres. C’est-à-dire, les êtres animés, comprenant les plantes aussi bien que les animaux proprement dits. — Éternels dans la mesure où ils peuvent le devenir. Par la reproduction perpétuelle des individus, transmettant la vie qu’ils ont reçue à d’autres êtres de même espère. C’est là une vérité incontestable, ressortant du spectacle de la Nature, telle que l’homme peut l’observer. Aristote a donc cru d’une manière imperturbable à la fixité des espèces ; et il aurait été bien étonné des théories qui nient cette fixité et y substituent une perpétuelle mobilité ; voir la préface au Traité des Parties des animaux, p. CLXIII, de ma traduction. — L’espèce humaine….. et l’espèce végétale. J’ai conservé ces formules, qui sont fort acceptables à la biologie moderne : la vie est dans les trois espèces, bien qu’à des degrés divers, et c’est là ce qui permet de les réunir sous une même théorie.
  2. Le principe des uns et des autres… Comme ceci s’adresse aux plantes aussi bien qu’aux animaux, il semblerait qu’Aristote admet aussi des sexes dans les plantes. Voir plus haut, liv. 1. ch. 10. — Il vaut mieux… C’est résoudre la question par la question, puisque c’est supposer d’abord que le mâle vaut mieux que la femelle, le mâle donnant le mouvement et la vie, la femelle ne fournissant que la matière. La femelle ne vaut pas moins que le mâle ; ce sont deux êtres égaux, et tous les deux indispensables.