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nourriture première ; les autres, qui sont nécessaires et qui sont faites pour les plus relevées, viennent d’une nourriture moins bonne, composée des résidus et des excrétions. § 30[1]. La Nature, comme un sage économe, a l’habitude de ne perdre rien de ce qu’elle peut utiliser, de quelque façon que ce soit. Dans l’administration des ménages, la nourriture la meilleure est réservée aux personnes libres ; la moins bonne et les restes sont donnés aux serviteurs ; et l’on donne ce qu’il y a de plus mauvais aux animaux qu’on nourrit dans la maison. De même donc que l’intelligence du maître fait, du dehors, tous ces arrangements pour que les choses prospèrent, de même, à l’intérieur des êtres que la Nature produit, elle compose, avec la matière la plus pure, les chairs et le corps de tous les autres sens, et, avec les déchets, elle compose les os, les nerfs, les poils, les ongles, les cornes et toutes les parties de même ordre. § 31[2]. De là vient que ces parties

  1. Comme un sage économe. La sagesse de la Nature est incontestable ; mais la difficulté est de la bien comprendre ; et la comparaison que fait le philosophe est loin d’être juste dans tous ses détails. — Ne perdre rien. Ceci est vrai, et se rattache au grand principe que la Nature ne fait rien en vain ; mais il n’y a pas, dans la nutrition du corps des animaux, les degrés d’alimentation que peuvent observer les ménages bien réglés. Le sang est partout le même ; et ce ne sont que les appareils sécrétoires qui diffèrent : le suc gastrique, la bile, l’urine, la semence, etc. — L’intelligence du maître… du dehors. On pourrait traduire encore : « Une intelligence extérieure ». — Avec la matière la plus pure, les chairs. Les chairs ne sont pas composées d’une matière plus pure que les autres parties. — Et, avec les déchets. Il n’y a pas de déchets ; seulement, l’élaboration est différente selon les organes.
  2. De là vient… L’explication est purement arbitraire. — Ces parties secondaires. J’ai ajouté l’épithète pour plus de clarté. — Il s’est formé… du superflu. L’expression n’est pas exacte ; ce n’est pas là un emploi du superflu ; c’est un élément nécessaire, sans lequel le corps ne serait pas constitué. — Vient de la sécrétion spermatique. Rien ne prouve que ce soit là l’origine des os. — Les os prennent leur développement… Le texte ne désigne pas spécialement les os, et il se sert d’un pronom indéterminé ; j’ai cru devoir être plus précis ; et tout ce contexte prouve bien que c’est des os qu’il s’agit. — De la nourriture ordinaire. Le grec dit : « La nourriture naturelle ». — Superflues. Cette nuance est implicitement comprise dans l’expression du texte.