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XXVI
PRÉFACE

cette exception près, les faits signalés par Reid sont parfaitement exacts. Mais Reid ne s’aperçoit pas que ce sont ceux-là même qu’Aristote a signalés deux mille ans avant lui. C’est ainsi que Reid constate : 1° que la mémoire diffère de la sensation ; 2° que son objet est nécessairement une chose passée et qu’elle ne s’adresse ni au présent, ni à l’avenir ; 3° que la mémoire est toujours accompagnée de la croyance à l’existence passée de la chose rappelée ; 4° qu’il faut que l’esprit soit troublé pour confondre les souvenirs et les pures imaginations ; 5° enfin Reid indique, sans y insister autant qu’Aristote, l’intervention de la notion du temps dans l’acte de la mémoire. Mais il tire de ce dernier fait deux conséquences fort graves, que l’analyse de son prédécesseur n’avait point aperçues : c’est que la mémoire est la faculté qui nous donne la notion dé durée et la notion de notre identité personnelle. Reid poursuit et essaye de prouver, dans le second chapitre, que la mémoire est une faculté primitive, inexplicable comme toute autre, et qui ne nous en inspire pas moins une foi aveugle en sa véracité. Il est bien vrai que la mémoire est une sorte de mystère impénétrable ; mais le psychologue écossais n’a pas su nettement montrer en