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au dehors, les impressions senties n’en demeurent pas moins dans les organes, et y demeurent sensibles.

§12. Ajoutons que nous nous trompons très facilement sur nos sensations au moment même où nous les éprouvons, ceux-ci dominés par telle affection, ceux-là par telle autre tache : le lâche, par sa frayeur ; l’amoureux, par son amour ; l’un croyant voir partout ses ennemis ; et l’autre, celui qu’il aime. Et plus la passion nous domine, plus la ressemblance apparente, qui suffit pour nous faire illusion, peut être légère. On observe aussi que tous les hommes se trompent très aisément quand ils sont sous le coup d’une colère violente ou d’une passion quelconque ; l’erreur leur est alors d’autant plus facile qu’ils sont plus passionnés. De là vient aussi que dans les accès de la fièvre, il suffit de la moindre ressemblance formée par des lignes qui se rencontrent au hasard, pour faire croire au malade qu’il y a des animaux sur la muraille de sa chambre ; et quelques fois ces hallucinations suivent en intensité les progrès du mal. Si l’on est pas très-malade, on reconnait bien vite que c’est une illusion ; mais si la souffrance devient plus forte, le malade va jusqu’à faire des mouvements vers les objets qu’il croit voir.

§13. La cause de tous ces phénomènes tient à ce que ce n’est pas la même faculté de l’esprit, qui est chargée de juger les choses, et qui reçoit en elle les images. Une preuve de ceci,