Page:Aristote - Psychologie, trad Barthélemy Saint-Hilaire, 1847.djvu/27

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XXIII
PRÉFACE

La nature même de son ouvrage semblait la lui imposer en quelque sorte. Mais Locke, quel que soit d’ailleurs son mérite, est en ceci presque aussi insuffisant que Malebranche. Il a consacré tout un chapitre à ce qu’il appelle la rétention (liv. II, ch. x) ; et dans la rétention il distingue deux espèces, la contemplation et la mémoire. La distinction n’est pas fort exacte ; car du moment que la perception actuelle a cessé, c’est la mémoire qui agit, quelque limité qu’on suppose l’intervalle de temps écoulé. Locke eût beaucoup mieux fait d’accepter le langage ordinaire, et de ne point créer des divisions nouvelles qui sont à la fois et moins claires et moins vraies. Après quelques mots sur la contemplation, il passe à la mémoire : il la caractérise en traits qui doivent paraître bien vagues et bien indécis auprès de ceux qu’a gravés Aristote. Puis, désertant presque aussitôt la question essentielle, il se jette dans les questions secondaires qu’il développe avec trop de complaisance. Il est bien vrai que l’attention, la répétition, le plaisir et la douleur servent à fixer les idées dans l’esprit ; il est bien vrai que les idées s’effacent de la mémoire ; que la mémoire, peut avoir deux défauts : ou un entier oubli, ou une grande