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DU SOMMEIL

contraire du sommeil, et que de toute nécessité l’un ou l’autre doive se trouver dans tout animal, dormir sera une fonction indispensable. § 9. Si donc le sommeil est une affection de ce genre, c’est-à-dire une impuissance de continuer la veille qui a dépassé ses limites, que d’ailleurs cet excès de veille soit morbide ou ne le soit pas, et que l’impuissance et la suspension d’activité qui le suit le soit ou ne le soit pas ainsi que lui, ce n’en est pas moins une loi nécessaire que tout être qui veille puisse aussi dormir ; car il est impossible d’être toujours en activité. Par le même motif, il n’est pas possible non plus qu’aucun être puisse toujours dormir. Le sommeil est une certaine affection du principe sensible, c’en est l’enchaînement et l’immobilité. Ainsi, nécessairement tout être qui dort doit posséder la partie sensible de l’âme ; or, l’on n’appelle sensible que ce qui peut sentir en acte et réellement. Mais faire acte de sensation, au sens propre et absolu, est impossible quand on dort ; voilà aussi pourquoi il faut nécessairement que tout sommeil puisse finir par le réveil.

§ 10. Presque tous les animaux, autres que l’homme, ont comme lui la faculté du sommeil ; et cela peut se voir, et dans les volatiles et dans les animaux aquati-


§ 9. Une impuissance de continuer.... Le texte dit mot à mot : « Une impuissance à cause de l’excès de la veille. » — Que d’ailleurs.... Cette parenthèse ne parait pas très nécessaire, et elle gêne un peu le développement de la pensée. — Et réellement. J’ai ajouté ces deux mots pour que la pensée fût tout à fait claire. — Quand on dort. Voir dans le Traité de l’Âme une distinction analogue, II, i, 5. — Puisse finir par le réveil, parce que tout animal qui dormirait toujours ne serait pas vraiment sensible, et c’est cependant la sensibilité qui constitue essentiellement l’animal, I, ii , 2, et II, ii, 4.