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ET DE LA VEILLE. CH. I.

doué de sensation doit nécessairement et sans exception ou dormir ou veiller, puisque ces deux affections sont, relativement à la sensation, les deux seules que puisse avoir le principe sensible. Mais il n’est pas possible que l’une des deux s’exerce constamment dans un même animal, c’est-à-dire que telle espèce d’animal dorme toujours, ou que telle autre veille sans cesse. § 8. En outre, pour tous les organes qui ont quelque fonction naturelle à remplir, quand on dépasse le temps durant lequel ils peuvent satisfaire à cette œuvre, quelle qu’elle soit, il faut nécessairement qu’ils tombent dans l’impuissance : ainsi les yeux, fatigués de voir, cessent de voir ; il en est de même de la main, et de tout autre organe qui accomplit quelque fonction. Mais si sentir est la fonction d’un organe quelconque, et si cet organe dépasse le temps durant lequel il était capable de sentir sans discontinuité, il tombera dans l’impuissance et n’exercera plus sa fonction. Que si la veille est caractérisée par le libre exercice de la sensibilité, et qu’il faille toujours que, des deux contraires, l’un soit présent et l’autre absent ; si, en outre, la veille est le

mais avoir l’une de ces deux facultés sans l’autre. — De sensation ou de sensibilité. — Le principe sensible. L’âme, qui, dans les théories péripatéticiennes, réside surtout dans le cœur. — Dans ce paragraphe, Aristote ne fait guère que répéter ce qu’il a déjà dit plus haut, mais sans le démontrer : il ne le démontrera qu’au paragraphe suivant.

§ 8. Pour tous les organes. L’expression du texte est un peu plus générale : le contexte m’a autorisé à la rendre plus particulière. — Sans discontinuité, sans que son action naturelle cessât un instant. — Par le libre exercice de la sensibilité. Le texte dit mot à mot : « Parce que la sensibilité est délivrée, déliée. » — Et qu’il faille toujours. C’est ce principe qui était sous-entendu au paragraphe précédent ; il était indispensable à la démonstration, qui n’est donnée que dans celui-ci.