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ET DE LA VEILLE. CH. I.

car ces fonctions sont opposées l’une à l’autre, et le sommeil ne paraît qu’une sorte de privation de la veille : or les contraires, pour toutes les choses que ne fait pas la nature, aussi bien que pour celles qu’elle fait, paraissent toujours se produire dans un seul et même sujet qui les peut recevoir, et ils sont les affections d’un même être. On pourrait citer bien des exemples : ainsi, la santé et la maladie, la beauté et la laideur, la force et la faiblesse, la vue et la cécité, l’ouïe et la surdité. § 5. Voici bien encore ce qui démontre l’opposition du sommeil et de la veille : c’est que le même signe qui nous fait connaître que l’homme est éveillé, nous fait connaître aussi qu’il est dans le sommeil. Quand un homme conserve sa sensibilité, nous pensons qu’il est éveillé : nous pensons que tout être qui est éveillé a la sensation, soit de l’une des choses qui se passent au dehors, soit de l’un des mouvements qui s’accomplissent en lui. Si donc être éveillé ne consiste absolument qu’à sentir, on peut conclure évidemment que le principe qui fait que l’on sent, est aussi celui par lequel les animaux veillent quand ils veillent, et dorment quand ils dorment. § 6. Or, sentir n’appartient en propre ni à l’âme ni au corps, puisque l’acte se rapporte au prin-

§ 4. Sont opposées. Voir la théorie des opposés dans les Catégories, ch. x, et dans la Métaphysique, liv. V, ch. x. § 5. L’opposition du sommeil et la veille. Le texte est un peu moins précis. — Des mouvements qui s’accomplissent en lui. Il ne s’agit pas ici des sensations que peuvent causer les visions et les organes intérieurs : les commentateurs ont compris en général, et je me range à leur avis, qu’il s’agissait des actes de la pensée dont l’homme a conscience. § 6. Puisque l’acte se rapporte.... la puissance. Voir Traité de l’Ame, II. v, 2, le rapport de l’acte à la