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XVII
PRÉFACE

sences que son âme a jadis connues et dont elle peut réveiller en elle le divin souvenir. La réminiscence est donc en quelque sorte le privilège du philosophe.

Platon ne va pas plus loin : il n’analyse pas le fait psychologique avec l’attention scrupuleuse qu’Aristote y apportera. Mais, tout en poursuivant un but fort supérieur et fort différent, il n’a omis aucun des traits essentiels. L’acte de la volonté appliqué à la mémoire, la puissance que possède l’esprit de refaire, par son effort, des souvenirs incomplets, le procédé qu’il suit pour passer des objets les plus dissemblables à celui qu’il cherche et qui d’abord lui échappait : tels étaient les matériaux que le maître transmettait à son disciple. Aristote les a transformés, sans doute ; mais il les a certainement recueillis. À une croyance presque mythologique, il a substitué une théorie scientifique : il a remplacé des indications trop peu précises par des observations positives, des notions éparses par un système, et l’inconsistance du dialogue par une rigueur méthodique. Mais l’idée principale lui avait été fournie par son maître ; et la distinction si grave de la mémoire et de la réminiscence, bien qu’il l’ait beaucoup éclaircie, ne lui appartient pas tout