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XV
PRÉFACE

piration, où il s’est fait aussi l’historien des opinions du passé ; mais, pour le Traité de la Mémoire et de la Réminiscence, il n’a point parlé des théories antérieures. Pourtant, si elles étaient peu nombreuses, il en était une au moins qui devait lui être aussi bien connue qu’elle peut l’être pour nous, et dont il n’a rien dit : c’est celle de Platon.

La réminiscence, dans le système de Platon, tient une place considérable ; c’est par elle qu’il explique à la fois la science humaine tout entière et l’état de l’âme en ce monde, où elle ne fait que se rappeler par des images plus ou moins obscures et des recherches plus ou moins heureuses, les divins objets qu’elle a vus et contemplés face à face dans une vie antérieure. Il faut laisser de côté toute la partie allégorique de cette théorie, qui n’a aucun rapport avec celle d’Aristote, et que sans doute il ne prenait point au sérieux, si l’on peut interpréter ainsi le silence à peu près absolu qu’il a gardé à ce sujet[1]. Mais cette théorie, soit qu’on la fasse purement allégorique ou qu’on la croie métaphysique, renferme une part de psychologie dont Aristote a

  1. Aristote n’a parlé de la réminiscence de Platon que pour critiquer les théories du Ménon (Derniers Analytiques, liv. I, ch. I, § 7).