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XI
PRÉFACE


Ceux de la réminiscence ne sont pas moins importants ni moins nets. La réminiscence ne doit être confondue ni avec la mémoire, ni avec la sensation. Pour la sensation, la différence est évidente. Quant à la mémoire, elle vient après la réminiscence lorsque l’effort que la réminiscence exige est heureux ; par conséquent, elle ne lui est pas identique. La réminiscence ne demande qu’une partie de la chose pour reconstituer la chose entière et en avoir le vrai souvenir. Ce qui la rend possible, c’est que les mouvements divers produits en nous par les sensations, s’enchaînent les uns aux autres dans notre âme par des liens mystérieux et indissolubles ; et quand un d’eux, par une cause quelconque, se représente à l’esprit, il entraîne à sa suite tous les mouvements qui, de plus ou moins près, se rattachent à lui, et parmi lesquels se trouve plus ou moins loin celui qui correspond à l’objet que la réminiscence recherche. De là vient que les ressouvenirs sont plus faciles, quand les choses ont un certain ordre entre elles, comme sont les mathématiques. Quand les choses n’ont pas d’ordre, l’acte de la réminiscence est plus pénible ; et l’esprit, avant d’atteindre la chose même qu’il prétend trouver, est réduit à remuer une foule d’idées, qui sont