Ceux de la réminiscence ne sont pas moins
importants ni moins nets. La réminiscence ne
doit être confondue ni avec la mémoire, ni avec
la sensation. Pour la sensation, la différence est
évidente. Quant à la mémoire, elle vient après
la réminiscence lorsque l’effort que la réminiscence
exige est heureux ; par conséquent, elle
ne lui est pas identique. La réminiscence ne
demande qu’une partie de la chose pour reconstituer
la chose entière et en avoir le vrai souvenir.
Ce qui la rend possible, c’est que les
mouvements divers produits en nous par les
sensations, s’enchaînent les uns aux autres dans
notre âme par des liens mystérieux et indissolubles ;
et quand un d’eux, par une cause quelconque,
se représente à l’esprit, il entraîne à sa
suite tous les mouvements qui, de plus ou moins
près, se rattachent à lui, et parmi lesquels se
trouve plus ou moins loin celui qui correspond
à l’objet que la réminiscence recherche. De là
vient que les ressouvenirs sont plus faciles,
quand les choses ont un certain ordre entre
elles, comme sont les mathématiques. Quand
les choses n’ont pas d’ordre, l’acte de la réminiscence
est plus pénible ; et l’esprit, avant d’atteindre
la chose même qu’il prétend trouver,
est réduit à remuer une foule d’idées, qui sont
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XI
PRÉFACE