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IX
PRÉFACE

une comparaison mille fois employée après lui, mais qu’il a présentée d’une manière plus délicate et plus juste qu’aucun de ses imitateurs. Selon lui, ce double caractère qu’on remarque dans le fait de mémoire, est de tout point analogue au double caractère que nous offre une peinture, un dessin quelconque. Une peinture est à la fois en soi-même quelque chose de réel, indépendamment de l’objet qu’elle reproduit ; et de plus, relativement à cet objet, elle est une simple copie. Aristote ne proposé cette explication de la mémoire que sous une forme dubitative ; et il ne prétend pas donner cette métaphore pour la réalité même. Mais la comparaison, ainsi limitée, est aussi exacte qu’ingénieuse ; elle éclaircit, par un exemple sensible, l’étrange propriété de la mémoire qui, à l’aide d’une modification de notre esprit, dont nous avons actuellement conscience, nous rappelle un objet absent, dont nous avons dès longtemps perdu la perception, et qu’elle fait revivre.

Un autre avantage de cette distinction, c’est qu’elle fournit au philosophe une explication non moins vraie de certaines erreurs de l’esprit, comprises sous le nom général d’hallucinations. L’hallucination consiste à considérer en elle-même la modification de l’esprit qui