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VIII
PRÉFACE

Par conséquent, la mémoire est toujours accompagnée de la notion du temps, que cette notion d’ailleurs soit précise ou confuse. Or, la notion du temps, liée de si près à celle du mouvement, nous est donnée comme cette dernière par la sensibilité, selon Aristote. La mémoire relève donc directement de la sensibilité, tout comme en relève aussi l’imagination, sans laquelle l’entendement lui-même ne saurait agir. La mémoire ne s’applique qu’indirectement aux choses pensées par l’intelligence ; en soi elle se rapporte au principe sensible.

Voilà déjà la mémoire parfaitement déterminée par la distinction des espèces qu’elle présente, par l’objet auquel elle s’applique, et pur la partie spéciale de l’âme d’où elle dépend. Mais la sagacité d’Aristote est trop éclairée pour ne pas apercevoir le mystère à peu près inexplicable que ce phénomène offre encore. Dans l’acte de la mémoire, il n’y a de vraiment présent pour nous que la modification même de l’esprit ; l’objet dont on se souvient est absent. Comment se fait-il donc que, sentant uniquement l’impression demeurée en nous et faite jadis sur l’esprit par l’objet, nous puissions nous rappeler l’objet absent que nous ne sentons pas ? À cette question Aristote répond par