Page:Aristote - Production et destruction des choses, Ladrange, 1866.djvu/72

Cette page n’a pas encore été corrigée

par l’espoir de s’emparer de Naxos et de toutes les Cyclades, avait obtenu de Darius de mettre deux cents vaisseaux à la disposition d’Aristagoras. Mais la discorde avait éclaté bientôt entre les alliés. Naxos avait pu se défendre et repousser un siège de quatre mois. Aristagoras n’avait donc tenu aucune des belles promesses qu’il avait faites au satrape de Sardes. Craignant pour son propre pouvoir, il résolut de n’être pas coupable à demi, et d’en venir à une révolte ouverte, à laquelle le poussait Histiée, demeuré à Suse, auprès du Grand Roi. Afin de se gagner le cœur des Milésiens, il abdiqua spontanément la tyrannie, et rétablit le gouvernement populaire. II appela les autres villes Ioniennes à l’insurrection, et elles chassèrent tous les tyrans qui leur avaient été imposés.

C’était là une grande audace, et Aristagoras, avant de prendre ce parti extrême, avait consulté ses amis. Hécatée de Milet, l’historien, s’était prononcé pour qu’on ne fît pas la guerre sur le champ, parce qu’on n’avait pas les ressources nécessaires. Ne pouvant faire prévaloir cet avis, il avait insisté pour qu’on tournât toutes ses forces vers la mer, où l’on pouvait se flatter davantage de lutter. A cet effet, il conseillait de saisir toutes les richesses que Crésus avait naguère accumulées dans le temple des Branchides.