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Gètes. Il construisait de faciles monuments en ordonnant à chaque soldat de son innombrable armée de jeter, en passant, une pierre sur un endroit désigné, où se formait bientôt un énorme amas qu’on prenait pour une pyramide. L’armée Perse trouvait même dans ces sombres contrées quelques traces de l’influence grecque. Ces peuplades adoraient Zalmoxis, qui avait été, disait-on, esclave de Pythagore, fils de Mnésarque, à Samos, et qui, devenu riche et libre, avait apporté à ses grossiers compatriotes les germes de la civilisation hellénique, en leur transmettant quelques-unes des croyances de son savant maître. Hérodote n’admet pas cette tradition, et il pense que Zalmoxis ou Guébéleizis était de beaucoup antérieur à Pythagore, dont il admire d’ailleurs la haute sagesse[1]. Mais cette tradition, toute fausse qu’elle pouvait être, atteste du moins dans quelle estime était tenu dès lors le nom du philosophe samien. C’était à lui qu’on rapportait la culture des mœurs et la réforme bienfaisante, quoiqu’incomplète, qui avait adouci les sauvages habitants de la Thrace.

Cependant, Darius était parvenu au Danube, et il y avait trouvé le pont de bateau : que, par ses ordres, y avaient construit les Ioniens, comme ils avaient

  1. Hérodote, Livre IV, ch. 95.