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serait remise à Polycrate, qui pourrait s’en servir pour ses projets ambitieux, allant jusqu’à la conquête de toute la Grèce.

La convoitise de Polycrate ne sut pas résister ; il envoya son secrétaire Maesandrius à Sardes, pour vérifier les assertions d’Oroetès. Le secrétaire, trompé par la vue des caisses, dont la surface seule était couverte d’or mais qui n’étaient remplies que de pierres, vint faire à son maître un rapport qui le combla de joie. Enivré d’une si belle espérance, Polycrate voulut aller de sa personne auprès de son complice. En vain ses amis et sa famille même voulurent le retenir. Il menaça sa fille, qui essayait de l’arrêter jusque sur le vaisseau, de ne la marier qu’après longues années ; et il partit, accompagné de son devin, nommé Hélée, qui ne prévoyait pas le piège. A peine arrivé à Magnésie, où Oroetès l’attendait, le traître le fit saisir et expirer sur la croix. Hérodote, qui n’est pas suspect de faiblesse pour les tyrans, plaint cependant Polycrate, dont le génie et la magnificence ne méritaient pas une si triste fin. Parmi les suivants de Polycrate dans cette malheureuse aventure, se trouvait, outre le devin imprudent, le fameux Démocède, médecin de Crotone, qui fut alors réduit en esclavage, et qui fut bientôt appelé à la cour de Darius pour le guérir d’une entorse, quand le roi de Perse, destructeur des Mages, eût fait